F2QH : RADIOAMATEUR DEPUIS 1960, DÉJÀ!

1957 à 1960 : Construire la station

F2QH en 1961

Après différents "bricolages", il fallait commencer à réaliser la station en vue de passer l'examen PTT le plus tôt possible, c'est à dire un peu avant 16 ans. Avec mes copains Jean-Pierre, Robert et Daniel, nous avions l'habitude de construire un récepteur ou un émetteur chaque jeudi, à partir de pièces récupérées sur des anciens postes de radio achetés pour une bouchée de pain chez les dépanneurs d'Asnières, de Bois-Colombes ou d'Argenteuil. Nous avions aussi réalisé quelques appareils de mesure, notamment un grid-dip à oeil magique (trèfle cathodique de la série rouge Transcontinental). Je l'avais étalonné à partir du poste de radio familial qui couvrait les ondes courtes. Plus tard, je réaliserai un aute grid-dip à oeil magique EM85 selon un montage de F8CV (en haut, à droite sur la photo).

Côté réception, je présenterai à l'examen le récepteur de trafic à 9 tubes de fabrication maison, mais un an plus tard, mon père m'offrira un superbe récepteur de l'armée américaine datant de 1936, un NATIONAL type NC100. Pour l'émetteur, il fallait faire du sérieux pour la visite de l'inspecteur. Sans aide extérieure, il a fallu plonger dans les bouquins, et notamment "100 MONTAGES ONDES COURTES" de F3RH et F3XY" (pas encore 200 montages O.C., plus connu).
Il s'agissait d'un ouvrage remarquable, très pédagogique. J'y trouvai la description d'un magnifique VFO Clapp en classe A, ainsi qu'un exciter à 4 tubes 807, dont je retins le principe du premier étage, préférant commuter le circuit d'accord de la sortie, plutôt que de pratiquer une succession de multiplications de fréquence. Le montage du livre ne couvrait pas la nouvelle bande des 15 mètres et au culot, je fis travailler le tube 807 en tripleur de fréquence, avant d'attaquer le PA à RL12P35.

Dans ces années là, nous pouvions trouver d'excellents composants des surplus, pour des prix raisonnables, mais je suis reconnaissant à mon père de m'avoir encouragé et de m'avoir souvent accompagné au Marché aux puces ou à la "Foire à la Ferraille et aux Jambons" du boulevard Richard Lenoir à Paris, pour trouver des composants hétéroclites, mais tellement beaux!

Evidemment, je ne trouvais jamais les pièces citées dans les montages du livre, il a donc fallu se creuser la tête pour adapter celles que l'on trouvait, par exemple : pas de transformateur push-pull avec secondaire de 2000 ohms pour la modulation "plaque". Alors qu'à cela ne tienne, nous utiliserons deux transfos, dont un avec prises intermédiares. Le résultat fut excellent, malgré un rendement plus faible.

L'émetteur se composait des éléments suivants (cliquer sur les liens pour voir les schémas de l'époque) :

- un VFO EN CHASSIS SÉPARÉ, posé sur mon bureau à côté du récepteur. Celui-ci comprenait :
. un oscillateur CLAPP à tube métal 6SJ7 sur support stéatite, avec régulateur de tension au néon type OB2 délivrant 105 volts à la grille écran, une self bobinée sur mandrin stéatite étoilé à gorges, un magnifique condensateur variable à rattrapage de jeu entraîné par une cadran Wireless de récupération à double vitesse et trotteuse, un condensateur à coefficient négatif de température et un trimmer ajustable, le tout assurant une stabilité correcte, même en harmonique 8 sur la bande des 10 mètres.
. deux étages séparateurs et amplificateurs (le VFO classe A ne délivrait pas beaucoup de signal), à large bande.
. un étage de sortie amplificateur pour la bande des 80m ou doubleur pour le 40m à tube 6V6 métal.

- un TIROIR DE PUISSANCE HF en rack de fabrication maison, avec un exciter à 807, et un étage de puissance à TUBE BICORNE RL12P35 . Ce tube provenait d'émetteurs de chars allemands, et avait des qualités remarquables. Il avait deux cornes au sommet (anode et grille suppresseur), et supportait sans broncher mes erreurs de débutant. Dans un premier temps, je réalisai une modulation par l'anode, mais je passai vite à la modulation plaque et écran. De même, le manipulateur Morse agissait sur une résistance de cathode, mais je passai un peu plus tard à la manipulation par blocage de grille. Les selfs du PA étaient enfichables et réalisées sur des mandrins de 6 à 8 centimètres, les selfs des bandes hautes étant constituées par du tube de cuivre de 6 mm en l'air (trouvé chez le quincailler du coin !), et la sortie antenne se faisait sur une embase coaxiale allemande verrouillable par étrier....du costaud !

- UN CHASSIS RACK MODULATEUR (AM), équipé d'un push-pull de 6L6 métal en classe AB2, précédé de 3 tubes préamplificateurs: 6SJ7 - 6J5- 6SJ7, avec transformateur 1/3 de laison au push-pull. L'entrée était à haute impédance (micro magnétique ou piézo), et j'amais même prévu une prise pick-up, pour essais de musique à partir d'un tourne-disque !

- un châssis rack "ALIMENTATIONS PETITS ÉTAGES" 250V-350V-450V utilisant trois groupes de transformateurs et de valves biplaques du genre 5Y3GB et 5U4. La face avant comportait un ensemble d'interrupteurs secteur, de voyants, ainsi qu'une clé de standard téléphonique avec contacts à roulette et à levier bakélite à 3 positions : VFO SEUL - RECEPTION - EMISSION. Dans ce temps là, pour se caler sur la fréquence de la station à appeler, il fallait faire ce qu'on appelait le "BATTEMENT ZÉRO", d'où l'utilité de la position VFO SEUL.

- un caisson inférieur "HAUTE TENSION" (coffret d'ampli de sonorisation que j'avais fait sabler), placé sous l'ensemble rack, contenant l'alimentation 960 volts du PA équipée d'une valve biplaque à vapeur de mercure type 83 et son alimentation 12 volts + 2 x 2,5 volts par transfo en bain d'huile pour le filament. Le filtrage était assuré par des condensateurs au papier en bain d'huile, bornes sur colonnettes en porcelaine. Le 12 volts alimentait également un relais d'antenne extérieur en boîtier mural.

Je mis un peu plus de deux ans pour voir enfin l'ampoule 110 volts branchée à la place de l'antenne s'allumer au rythme de ma modulation. C'est avec une grande impatience que j'attendis la visite de l'inspecteur, qui malgré mes erreurs de conception, donna son feu vert pour la mise en service, souhaitant ainsi encourager le gamin que j'étais.

L'année suivante, je réaliserai un contrôleur oscilloscopique de modulation avec un tube 3BP1 récupéré dans les surplus, selon la méthode du trapèze et de la sinusoïde modulée, la base de temps étant simplement constituée par un signal 50 périodes de quelques volts prélevé tout sur le secteur après transformateur (solution économique mais efficace)!



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